L’incroyable élection du Président de Polynésie Française

En premier lieu, introduisons les protagonistes

 Gaston Flosse, fondateur du parti autonimiste (Tahoera Huiratiraa) et ancien président de la Polynésie Française pendant 20 ans.
 Oscar Temaru, le chef du parti indépendantiste (Tavini Huiratiraa) et le rival naturel de Gaston Flosse. Le Tavini a fusionné avec d’autres partis plus petits mais de la même mouvance pour créer l’UPLD (Union Pour La Démoncracie)
 Gaston Tong Sang, qui est issu du Tahoera et qui en est sorti afin de créer son propre parti (autonomiste) nommé O Porinetia To Tatou Ai’a.

Ensuite, voici un bref résumé de ce qui s’est passé

 Fin Janvier 2008 : Elections des représentants à l’Assemblée Territoriale. To Tatou Ai’a est arrivé en tête avec 45% des voix, l’UPLD deuxième avec environ 30% et la 3ème place pour le Tahoera (entre 10 et 15%).
Avec de tels résultats, To Tatou Ai’a obtient 27 sièges à l’assemblée, l’UPLD 20 sièges et le Tahoera 10 sièges.
 Début Février 2008 : Apparemment très atteint, Gaston Flosse prête serment au cours d’une allocution télévisée "de ne pas s’allier avec un parti indépendantiste". Les discussions d’alliance entre les 2 partis autonomistes sont lancés, et après beaucoup de désaccord, To Tatou Ai’a accède aux exigences du Tahoera (5 ministères, 3 présidence de commissions internes, et la présidence de l’assemblée alias "le perchoir")

NB Je parle bien d’exigences ici et cela devrait vous faire réagir. Comment le parti minoritaire aurait-il pu formuler quoi que ce soit à la table des négociations ? Souvenez vous du discours apparemment ouvert d’Edouard Fritch ("Nous ne sommes pas en position de demander, mais de proposer") et du climat tendu des négociations (laissant penser qu’ils ne sont pas si soumis que ça)

 21 Février 2008 : Grâce à l’accord de dernière minute, Edouard Fritch Fritch est élu au perchoir (report des voix de To Tatou Ai’a sur le candidat du Tahoera).
 22 Févirer 2008 : 23h30, Gaston Flosse soumet sa candidature à l’élection du président du pays qui doit avoir lieu le matin suivant...
 23 Février 2008 : L’UPLD n’ayant proposé de candidat, le match a lieu entre les 2 Gastons.......et à l’issue du vote : Gaston Flosse est élu avec 29 voix contre 27 pour Gaston Tong Sang.
En regardant de plus près les résultats, il est CLAIR que Gaston Flosse a bénéficié d’un report des voix de l’UPLD...

Et maintenant que vos mémoires sont raffraichies, c’est l’heure de rââââââââââââââler !!!

Premièrement Je voudrais râler sur le discours moralisateur qu’une certaine personne a cru bon de me faire quand je lui ai dit que je n’irais pas voter (pour élire les députés de l’assemblée).
"C’est pour ton propre futur (...) si tu ne comprends pas ça, ce n’est même pas la peine..." a-t-il dit. Sur le coup, j’étais scotché "Comment ça ?? Pas la peine de quoi ?? Fini donc ta phrase !! Et de quel droit portes-tu un jugement sur mes actions ??"

Alors, monsieur-je-sais-tout : je ne vote pas pour une raison ! non, en fait, je ne vote pas pour plusieurs raisons, et tu as pu voir leurs têtes placardées sur les affiches pendant la campagne !
Il n’y a personne en qui j’ai confiance et d’ailleurs ils ne méritent pas que le leur accorde étant donné qu’ils utilisent leurs influences et leurs privilèges pour mener à bien leurs affaires...
La Démocratie, c’est synonyme de "pour le peuple, par le peuple". Alors quand on abuse de sa position pour faire ce que l’on veut et qui ne se traduit pas pour la population par un confort et une prospérité, ces gens là ne méritent pas de se dire "représentants du peuple"...

Autre raison : Je ne vote pas car je ne me reconnais dans aucun candidat.
Tout ce qu’il font, ce n’est que parler. Ils n’ont pas la moindre idée de ce que le commun des mortels endure pour tirer un cadre de vie décent de leur boulot. A partir du moment où ils se sont "élevés" à ces fonctions politiques, ils ont complètement perdu de vue ce pourquoi nous, le peuple, les avons élu pour...
Comment de plus se sentir représenté par quelqu’un qui n’a pas la moindre idée de ce qu’il fait ni aucune capacité à compenser son manque de prise avec la réalité ?

Ensuite : Si je devais voter, je devrais pour rester cohérent avec moi même, déposer un bulletin blanc dans l’urne. Mais puisque le vote blanc n’est pas reconnu lors du dépouillage final, pourquoi me bougerais-je ?
Je suis habituellement d’accord qu’un vote blanc peut-être considéré comme un vote en faveur du plus mauvais candidat (comme démontré lors de l’élection présidentielle de 2002 en France). Mais au regard des résultat des élections de ce matin, ceux pour qui vous votez n’a pas d’importance !!
Vous votez à priori pour votre représentant. Une fois élu, celui-ci est supposé parler en votre nom. Néanmoins, regardez : Gaston Flosse a été élu Président de la Polynésie Française alors que sa liste (de représentant) est arrivée dernière !
Non seulement ce que les électeurs ont exprimé est passé à la trappe mais cela montre une bonne fois pour tout que quoi qu’ils disent, NE FAITES JAMAIS CONFIANCE AUX POLITIQUES

Je pourrais m’étendre encore sur les raisons de mon choix de non-vote, mais je pense que ça suffit pour le moment (peut-être que s’il y a des commentaires qui le demandent...

En conclusion, je ne suis pas entrain de vous encourager à arrêter de voter pour ce/ceux que/en qui vous croyez... Le "truc" c’est que vous risquez de ne pas être capables de porter votre voix suffisamment haut pour faire la différence, comme aujourd’hui.
J’ai mes raisons et mes convictions pour rester en dehors du système et j’espère que vous les comprendrez (ne pas être d’accord me va aussi) mais s’il vous plait, n’invoquez pas la morale pour me convaincre de rentrer dans le système alors que vos droits démocratiques ont été si magnifiquement bafoués aujourd’hui, d’accord ?

PS :Voter est un devoir du citoyen, mais lorsque les dirigeants ne font pas le leur, pourquoi devrais-je me donner la peine de faire le mien ? Le système actuel ne me permet pas de faire entendre ma voix, je ne vois donc aucun mal à ne pas en faire partie.

On devrait peut-être s’inspirer des exemples nordiques où un élu est considéré comme un citoyen comme les autres (pas d’immunité, pas de salaire surgonflé, justification de toutes les dépenses liées à l’exercice, etc...)